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"Mais, pourquoi l'Ecosse ?"

​Mes amies m’ont demandé à l’occasion de ce troisième voyage qu’est-ce qui faisait que c’était en Ecosse que je me sentais la plus inspirée, la plus en paix, le mieux finalement. Bizarrement et bien que la réponse semble évidente, je n’ai pas su quoi répondre. Certes, les paysages sont magnifiques, les gens sont chaleureux et accueillant, et puis il y a cette langue avec ce bel accent dans laquelle j’aime tant être immergée. Mais après deux jours de voyage en solo, deux jours où j’ai pu explorer à nouveau les endroits que je connais et que j’adore, que j’ai pu à mon rythme redécouvrir cette ville riche en monuments, et riche d’une ambiance qui lui est propre ; je commence à trouver des éléments de réponse.

​Avant de me lancer dans ce troisième périple en Ecosse, une vague d’appréhension m’a envahie. Les mêmes questions que mes amies m’ont posées se sont imposées à moi bien avant, sans que je n’y trouve davantage de pistes. Après-tout, la première fois, j’étais partie seule, mais pendant les deux derniers mois, j’ai l’ai peut-être été réellement vingt-quatre heures une seule fois. C’était chouette car je me suis fait des amis ; j’avais bien assez de temps pour écrire et me promener, puis le soir je les retrouvais autour d’un chocolat chaud ou d’un porridge, à discuter de nos journées respectives. Et même lorsque je n’étais pas entourée de monde, je ne me sentais pas seule, j’étais en Ecosse. Mais les temps ont changé, de l’eau est passé sous les ponts. Mes amis sont pour la plupart passés à autre chose et ignorent encore aujourd’hui à quel point cette époque avec eux m’a marquée. Alors je me suis demandée si j’allais retrouver ces sentiments sans eux dans les parages ; si je pouvais me créer le même genre de souvenirs en allant dans les mêmes endroits en ma seule compagnie.

​Par ailleurs, mon voyage de l’année dernière est presque l’intrus. Je ne suis pas partie seule, j’étais en couple. J’ai certes revu trois amis d’ici mais toujours, chaque seconde, avec mon amoureux en ce temps-là. Je n’avais peut-être pas été quarante-huit heures seule lors de mon premier voyage, eh bien là, pas une seule seconde. Et pour cette raison, je n’arrive même pas à déterminer si cet épisode m’a été bénéfique. Il n’est pas comparable et n’entre pas en compte lorsque je me demande si l’Ecosse est réellement ce qui me fait me sentir bien car je n’étais pas aussi paisible à ce moment-là.

​Alors ce sentiment venait-il bien du pays, ou du contexte l’entourant ? Est-ce que je me sentais aussi bien la première fois car j’avais pris un billet sans retour pour un pays connu qu’en rêve ? Ou car je n’avais aucune responsabilité à part mon propre bien-être ; car pour une fois dans ma vie je ne planifiais rien ; car je n’avais rien d’autre à penser qu’écrire et que ça n’a jamais été aussi facile ; car je ne savais de quoi était fait le lendemain, alors je profitais de chaque instant sans modération ; car le bonheur se lisait sur le visage de ceux que j’avais appris à connaître en regardant un lever de soleil sur Calton Hill ; car une ville ayant gardé son authentique charme architectural des siècles derniers tout en ayant la mer et la montagne en son sein n’existe pas chez moi ; car partir dans les highlands sur un coup de tête pour voir des phoques juste en bas des falaises et revenir dans la journée sans avoir eu besoin d’une voiture n’est possible qu’ici ; car voir des cerfs en libertés, passer de forêt à de grandes plaines sans aucune peur, vivant leur vie sauvage dans des étendues vertes inoccupées est observable juste en voyageant en train dans l’arrière-pays ; ou encore car la nourriture est servie dans les pubs jusqu’à dix-huit heures car le soleil s’est couché depuis longtemps ; car même bourré, un homme m’a demandé si je n’étais pas importunée par la personne avec qui j’étais entrée dans le pub car il a lu sur mon visage un malaise après une énième dispute avec mon amoureux ; car les musées sont gratuits, qu’il pleut de la musique à tous les coins de rue, que les gens m’appellent « love » et qu’ils me demandent systématiquement comment je vais après leur bonjour ; car je me sens en sécurité lorsque je marche seule dans les rues à la nuit tombée ; car ici, les châteaux sont construits à même la roche ; car l’Ecosse a été le témoins de mes états d’âme, de mes réflexions et de mes conclusions.

​Si la France a adopté mon corps, l’Ecosse en a adopté mon cœur.

 

​Je réalise aujourd’hui que j’aime ce pays pour toutes ces raisons, et que je n’ai pas besoin de revivre les mêmes circonstances que mon premier voyage a réuni pour vivre l’amour que je lui porte, et le ressentir en retour. Quant au sentiment de paix intérieur, je le cultive et espère le retrouver avant la fin du voyage, comme pour repartir à zéro et effacer les peines et les erreurs de l’année passée.


Wilaukee S.


Wilaukee S. 19 novembre 2024
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L’Écosse, toujours
Lady Wilaukee